Loi sur les cartelsCoca-Cola menace de quitter la Suisse
Si la révision de la loi sur les cartels passe, le géant américain envisage de quitter la Suisse, selon la «Schweiz am Sonntag». Près de 900 emplois seraient menacés.
«Si Coca-Cola devait vendre ses produits aux prix étrangers et que l'entreprise ne devait plus arriver à couvrir ses frais en Suisse, alors nous devrons soit baisser les salaires, soit quitter la Suisse.» C'est ce qu'a affirmé la semaine dernière la multinationale au cours d'une présentation destinée aux journalistes. Près de 900 emplois seraient ainsi menacés, écrivait dimanche «Schweiz am Sonntag».
Les propos tenus par la firme américaine sont clairs, affirme lundi le «Tages-Anzeiger». La direction envisage de quitter la Suisse. Mais pourquoi? Dans ses déclarations, l'entreprise fait allusion à la révision de la loi sur les cartels. L'article 7a demande en effet que les fournisseurs étrangers livrent leurs produits en Suisse aux conditions régnant à l'étranger sous peine d'une amende. Cette révision, rejetée en mars dernier par le National et renvoyée aux Etats, s'inscrit dans le débat sur le «tourisme d'achat».
«La concurrence règne»
«Cette révision n'est pas adaptée aux réalités économiques», critique Patrick Bossart, membre de la direction de Coca-Cola Suisse. Il a confirmé à «Schweiz am Sonntag» que la multinationale examinera son départ de Suisse si la révision est acceptée. La raison: les coûts liés à la production et aux salaires sont bien plus élevés en Suisse qu'à l'étranger. Patrick Bossart argumente également en affirmant que le «marché actuel fonctionne bien» et que la« concurrence règne». Il donne l'exemple de Denner, qui importe depuis peu des bouteilles de Coca-Cola de la République tchèque et qui les vend 25 centimes moins cher que le produit suisse. A la suite de cette nouvelle manière de faire, Coca-Cola a dû supprimer six emplois dans son centre de production de Brüttisellen (ZH). En Suisse, le géant américain met en bouteille sa boisson depuis 1936. Ses centres se situent à Brüttisellen, Bolligen (BE) et Vals (GR).
Contacté par «Le Temps», le responsable de Mondelez International, Daniel Meyer, affirme être également très inquiet par la révision de la loi sur les cartels. Selon l'entreprise, qui produit les chocolats Toblerone exclusivement en Suisse, 220 emplois à Bern-Brünnen seraient menacés en cas d'acceptation. «Nous devrions choisir un autre modèle d'affaires et nous retirer de Suisse», a affirmé le porte-parole au quotidien romand. Mondelez achète son lait auprès de 680 familles de paysans suisses, rappelle «Le Temps».